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Picardie 

le 30/09/2004 à 08h49  

     Serge Lepeltier inaugure 4 éoliennes géantes en Picardie

Le ministre de l'Ecologie Serge Lepeltier a prôné un "changement d'échelle" dans les projets d'énergie issue du vent en France, en inaugurant jeudi quatre éoliennes géantes en Picardie.

"Nous avons perdu beaucoup de temps, et je veux marquer une accélération des projets en venant sur ce site", a souligné le ministre, devant les quatre aérogénérateurs construits dans l'Aisne par EDF Energies Nouvelles, une filiale à 50% d'EDF.

Les machines importées du Danemark sont entrées en fonction en un temps record (2 ans au lieu de 4 ans en moyenne pour instruire un dossier en France). Avec 2,75 mégawatts chacune, elle figurent parmi les plus puissantes de France. Leur production annuelle d'électricité est estimée à 20 millions de kWh, soit la consommation de 15.000 habitants à l'année.

Pour que l'énergie éolienne prenne véritablement son envol, le ministre a estimé qu'"il faut faire sauter le seuil de 12 mégawatts" de puissance installée fixé par la loi (du 10 février 2000). Cette loi contraint EDF à racheter le courant produit par les parcs éoliens de moins de 12 mégawatts à des conditions garanties. Elle "favorise l'émiettement des projets", a regretté le ministre, pour qui "ce seuil n'a pas lieu d'être".

"Je souhaite un débat sur ce seuil rapidement, la deuxième lecture de la Loi d'orientation sur l'énergie pourrait en être l'occasion", a souligné M. Lepeltier.

La France est très en retard pour le développement de l'énergie éolienne: elle se situe seulement au 11e rang européen, alors qu'elle dispose du meilleur potentiel pour l'énergie produite par le vent en Europe, derrière la Grande-Bretagne.

Parmi les leaders en Europe de l'éolien, l'Allemagne ne fixe aucun seuil pour le rachat à prix garanti de l'électricité d'origine éolienne, et l'Espagne a fixé un seuil beaucoup plus élevé, à 50 mégawatts.

© AFP.



Association A.S.R.T. 

le 23/07/2004 à 19h35  

     Association de Sauvegarde de la Theillay, le 2 juillet 2004
Sologne Rurale et Touristique
4, Place de l'Eglise,
41300 - THEILLAY
Réf. : ASTFNA4001

Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire Général
et Chers Amis de toutes les Associations, Membres de la FNASSEM

Nous avons plusieurs fois lu dans le courrier toujours si sympathique de notre honorable Fédération des allusions graves à une campagne contre les éoliennes. Nous comptons parmi nous des scientifiques, physiciens, médecins et même des écologues qui, s'imposant une déontologie rigoureuse dans toutes les études qu'ils ont entreprises depuis 1970 sur l'énergie et la sauvegarde des sites et de la biosphère, se sont toujours tenus à l'écart de tout engagement et idéologie politique politicienne, ou de recherche de profits de quelque nature que ce soit, pour défendre au contraire le bien fondé et l'urgence du développement et de l'installation des éoliennes en France.

Pourquoi ? Le pétrole et le Nucléaire sont devenus les deux fléaux de l'Humanité. Et en France, le pays le plus nucléarisé du monde avec 18 centrales nucléaires et 58 réacteurs, nous sommes devenus vulnérables pour plusieurs raisons :
1) insuffisance de refroidissement des tours en période de canicule ; 2) cumule excessif et non recyclable de déchets de plutonium 239 majoritaire ;
3) l'énergie nucléaire, cible de choix du terrorisme :
a) fait d'un réacteur une bombe ;
b) fait d'un seul pylône de THT détruit, une coupure de l'alimentation centralisée d'une ou plusieurs régions,
c) la destruction simultanée à distance d'un seul pylône des 18 centrales plonge toute la France dans le noir et la paralyse.

Si nous devons protéger et restaurer les sites merveilleux de la France et la richesse de nos patrimoines historiques, la priorité des priorité en ce nouveau millénaire est de réduire considérablement la consommation des hydrocarbures et huiles lourdes pour les transports et de l'uranium pour les centrales électriques. De nombreux ouvrages récents de savants de par le monde ont déjà, et avec de plus en plus d'insistance, alerté les nations et leurs dirigeants en leur montrant que notre Planète en était malade que la vie de toutes les espèces et celle de l'homme en particulier étaient menacées.

Pour ne citer que l'effet de serre qui, avant les émissions exagérées de gaz, était un bien pour l'homme pour autant qu'il en était digne sans le savoir, par la sagesse forcée de se contenter de combustions limitées et raisonnables de bois, de charbons et de pétrole lampant, ce phénomène naturel nous fait soudain prendre conscience des danger de tant d'excès, par convoitises des biens et des pouvoirs et des lourdes responsabilités prises par ignorance ou insouciance criminelle. Ainsi toutes ces erreurs de l'homme moderne sont la cause des changements climatiques qui détruisent des sites, des monuments et qui tuent.

Le pire est l'inconscience de l'exploitation de l'énergie nucléaire. Nous savons que sur notre Planète, vieille de 4,5 milliards d'années, se trouvaient tous les transuraniens y compris le plutonium 239 mortel pour toutes espèces organiques, les animaux qui n'existaient pas encore ni les humains. Mais par leurs périodes de décroissance radioactive respectives ce dernier n'existait plus sur la Terre lorsque, par le processus d'évolution, les premiers hominiens apparurent il y a 3 millions d'années. En effet sa période de décroissance, dite de demi-vie, n'est que de 24.360 ans. L'environnement était enfin favorable à la vie. Seul l'uranium 238 beaucoup moins dangereux a une décroissance qui a la même durée que l'âge actuel de la Terre, c'est-à-dire de 4,5 milliards d'années, tandis que ses divers isotopes ont une décroissance de quelques années, certains de quelques mois et d'autres de quelques jours (l'uranium 240 se singularise par une période de 14 heures 10 minutes seulement) ; Hélas, comme vous savez, l'homme du 20ème siècle, pour une finalité militaire qui a marqué notre Histoire, est parvenu à libérer l'énergie considérable de l'atome. Si, pensait-on, cet exploit extraordinaire avait pu être orienté vers des fins pacifiques, cette découverte aurait été un bien pour l'avenir de l'humanité, mais on ne peut tricher avec les lois immuables de la physique : toute réaction de fission dans un réacteur nucléaire, quelle que soit la technologie employée, recrée à nouveau dans ses déchets ce maudit plutonium qui n'existait plus pour le plus grand bienfait de la vie sur Terre. Et maintenant on ne sait plus qu'en faire. Les savants géologues sont unanimes à déclarer qu'il n'existe aucun site géologique sur Terre, dans la croûte terrestre, qui puisse permettre de stocker sans danger le plutonium, même dans des containeurs sophistiqués et à des profondeurs contrôlées. Il constitue une menace de mort pour toutes les générations futures.

Aujourd'hui encore notre avenir est assurée par notre soleil, et tant que ce réacteur naturel de fusion thermonucléaire existera dans l'espace et fera vivre la biosphère, l'énergie qu'il dispense à la surface de la Terre qui est de l'ordre de 1018 kwh par an (un milliard de milliards de kilowattheures par an), est plus de 10.000 fois supérieure à celle consommée par toute l'humanité industrialisée actuelle qui est aujourd'hui d'environ 0,75 x 1014 .kwh par an (75 mille milliards de kilowattheures par an).

La conversion mécanique de son énergie thermique, à la surface de la Planète, est le vent. Et l'énergie éolienne considérable fournie est sensiblement égale à celle consommée par l'humanité industrialisée actuelle. Nos ancêtres l'avaient compris. La splendeur des navires à voiles et la beauté rustique des moulins à vents étaient l'oeuvre et la marque la plus rassurante du génie de l'homme pour les générations à venir. Et d'autres conversions naturelles d'énergie exploitées par l'homme embellissaient les monts et les vallées et certaines baies côtières : les moulins à eau des cascades et des rivières et ceux des marées. D'autres ont su domestiquer la géothermie sans égratigner nos sites paysagers.

Alors, on ne peut accepter ces réticences, ces hésitations, ces prétextes non fondés, ces procès d'intentions supposées, pour refuser des champs d'éoliennes qui ne polluent pas et qui ne tuent pas, surtout lorsqu'il est question de les implanter dans des régions où autrefois les moulins à vents étaient légions et animaient le paysage. Même si les éoliennes prenaient avantageusement la place du million de pylônes de hautes et très hautes tensions qui défigurent la France et qu'elles soient aussi grandes, elles seront plus esthétiques et plus sympathiques. Il importe de souligner que les lignes de distribution d'énergie alimentées par les éoliennes ne transportent ni de Très Hautes Tensions ni de Hautes Tensions mais, à l'extrême, des Moyennes Tensions. Toutes ces lignes sont alors enfouies. Elles offrent l'avantage d'une parfaite sécurité et de ne pas dégrader le paysage. Pourquoi ferait-on campagne contre les éoliennes là où les pylônes géants ( qu'elles feront progressivement disparaître ) et les tours géantes de refroidissement des centrales nucléaires ont été tolérés sans réserve alors que tous deux dégradent outrageusement nos paysages et que les dernières, sont vulnérables dans un monde dangereux, car les centrales nucléaires constituent pour tout adversaire déterminé des moyens potentiels de destruction massive de notre propre Pays.

Enfin par une volonté de réduction des gaz à effet de serre à l'échelle communautaire, le Livre Vert de la Commission européenne de novembre 2000 a mis en avant la nécessité de développer les sources d'énergie renouvelables. Et sa directive 2001/77/CE du 27 septembre 2001 encourage fortement le développement de l'éolien en France. Et nous nous sommes engagés, à l'époque, à produire de cette façon 21% de notre électricité, soit une augmentation de 6% par rapport à la situation qui prévalait alors, quand 15% de notre électricité était déjà produite à partir d'énergie s renouvelables.

On sait que l'énergie hydraulique ne nous permettrait plus d'atteindre un tel objectif. Il n'existe plus de sites possibles pour construire des barrages en France.

En conséquence, il a été retenu par le Sénat qu'il faudra s'appuyer, pour l'essentiel, sur l'énergie éolienne.

Ainsi dans sa session extraordinaire de 2001-2002, N° 360, une proposition de loi fut présentée au Sénat, par M. Jean-François LE GRAND, relative à l'implantation des éoliennes et à la protection de l'environnement. Cette loi disposait les points suivants :

A) soumettre les projets d'éoliennes de plus de douze mètres à une étude d'impact ;
B) soumettre les projets d'éoliennes de plus de douze mètres à une enquête publique.

Et préconisait à la Commission économique :

A) Faire rentrer les éoliennes dans le droit commun ;
B) Assurer la protection de l'environnement et du paysage en unifiant le cadre procédural ;
C) Prévoir des garanties de remise en état du site en fin d'exploitation.

Enfin l'Annexe II de cette loi a présenté un tableau de modulation du tarif de rachat de l'électricité produite par les éoliennes qui était de 8,38 euros par kilowattheure en 2002, pour une durée annuelle de fonctionnement de 1.900 heures et moins à 3.300 heures et plus, pendant les 5 premières années, puis diminuant par extrapolation linéaire à 4,42 euros par kilowattheure au bout de 16 ans et au-delà.

Et la loi fut votée en séance du Sénat, le 24 octobre 2002, créant par suite la Loi du 2 juillet 2003 :
Article L.421-1-1, du Code de l'urbanisme (inclus dans l'Article L. 553-1 du Code de l'environnement, Loi du 2 juill. 2003): faisant obligation d'un permis de construire pour les éoliennes d'une hauteur supérieure ou égale à 12 mètres.

Article L.553-2 du Code de l'environnement ( 2 juill. 2003 ) : faisant obligation d'une étude d'impact et d'une enquête publique pour l'implantation d'une ou plusieurs installations d'éoliennes excédant 2,5 mégawatts

Article L.553-4 du Code de l'environnement ( 2 juill. 2003 ) : disposant, nous citons :
« I.- Afin de promouvoir un développement harmonieux de l'énergie éolienne, les régions peuvent mettre en place un schéma régional éolien, après avis des départements et des établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre concernés. Ce schéma indique les secteurs géographiques qui paraissent les mieux adaptés à l'implantation d'installations produisant de l'électricité en utilisant l'énergie mécanique du vent.
II. ? Les services de l'État peuvent concourir à l'élaboration de ce schéma à la demande du conseil régional. »

Alors nul n'est censé ignorer la loi. Si l'on veut transmettre à nos enfants et petits enfants des conditions de vie saines et ne pas hypothéquer leur sécurité de vie, ni défigurer ou détruire le patrimoine dont ils devraient hériter, nous devons accepter quelques petits sacrifices concernant la beauté de certains paysages. L'équilibre des lois physiques et biologiques de l'Univers qui nous entoure nous imposera sans doute plus souvent ce choix : "le patrimoine ou la vie". Et pour cela, tous les passionnés d'histoires et amoureux des vieilles pierres que nous sommes devrons raison garder, ne pas se laisser égarer par des Don Quichotte qui veulent nous entraîner dans une guerre contre les moulins à vent. Les intentions de certains d'entre eux, on le sait, ne sont pas innocentes. Ils défendent d'autres causes que celles de la sauvegarde des sites et du patrimoine.

Veuillez bien nous excuser si nous nous sommes sentis le devoir d'intervenir et de nous opposer à la déclaration surprenante et quelque peu décevante de M. Nicolas HULOT,. Loin de nous, bien sûr l'incongruité de penser qu'il serait un Don Quichotte, mais, sauf le respect que nous lui devons, surtout pour la merveilleuse expérience d'explorations écologiques que nous lui connaissons, il nous semble bien mal informé sur la parfaite légalité, les meilleures intentions et la parfaite honnêteté de ceux qui défendent à la fois la vie et le patrimoine mais donne à la vie la priorité absolue en sollicitant l'installation urgente des éoliennes car c'est la vie de nos héritiers qui est en jeu.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Président, à l'assurance de nos sentiments associatifs les plus fidèles.

Bernard O. PIERRE Fernand BONNET
Dr. Sc. Physiques Président de l'ASRT
vice-président de l'ASRT



Centrale Solaire 

le 09/07/2004 à 08h35  

     Nous avons reçu : Une centrale électrique solaire miniature à l'étude dans les Pyrénées
ODEILLO (AFP),
le 09-07-2004

Une parabole-miroir de huit mètres de diamètre associée à un moteur transformant la chaleur en énergie mécanique: un mini-générateur électrique solaire inédit de 1O kW est soumis depuis fin juin à l'oeil critique des chercheurs du laboratoire du CNRS d'Odeillo.

Dans dix ou quinze ans peut-être verrons-nous fleurir les "assiettes" de quartier. "De quoi faire tomber la combustion des énergies fossiles de 10 à 15 pour cent, réduire les émissions de CO2, freiner le réchauffement de l'atmosphère et ses catastrophes annoncées", expliquent les chercheurs.

Les principes théoriques en sont connus depuis longtemps. La "concentration" des rayons solaires sur des miroirs, pour créer des hautes températures, est la spécialité du labora toire du CNRS de Font-Romeu, le centre solaire des hautes températures, à 1500 mètres d'altitude, dans les Pyrénées.

Le moteur Stirling, du nom de son inventeur en 1816, est basé sur le cycle compression à chaud et détente à froid d'un gaz, grâce à un apport externe de chaleur. Il produit assez d'énergie pour entraîner un alternateur.

"L'association des deux n'est toutefois pas aussi simple qu'il y paraît. Les paraboles doivent être optiquement efficaces, les coûts de production et d'entretien permettre une exploitation commerciale", explique Jean-Michel Gineste, responsable du projet au sein du laboratoire PROMES (Procédés-Matériaux et Energie Solaire) du CNRS.

Déjà expérimentée en Allemagne (principal financeur du programme) et en Espagne, la parabole-Stirling trouve à Odeillo, en altitude, des conditions d'ensoleillement "extrêmes" et des échanges thermiques amplifiés (soleil brillant, journées fraîches ou hivers froids), permettant d'étudier le dispositif dan s des conditions sévères.

"Il faudra deux ans de mesures détaillées et permanentes pour en améliorer les rendements déjà intéressants", expliquent les chercheurs. Les paraboles-Stirling de taille modeste, sont déjà plus efficaces que les systèmes photo-voltaïques, et juste un peu moins que les éoliennes.

"Laissée en sommeil au milieu des années 80, après l'atténuation des effets des chocs pétroliers, l'électricité solaire est de nouveau en pleine lumière: non polluante par définition, elle peut permettre de réduire de manière significative les émissions de gaz à effet de serre", explique le scientifique.

"Pour produire de l'énergie, par définition, il faut du soleil. Et la +ceinture solaire+ de la terre correspond en général à des zones arides ou semi-arides, où l'installation de paraboles peut se décliner de multiples manières", explique Jean-Michel Gineste.

"Fermes solaires" de taille industrielle pour une production massive, ou installations décentralis ées individuelles, les paraboles relativement petites sont d'une mise en oeuvre facile.

L'électricité produite pourrait permettre l'extraction de l'hydrogène à partir de l'eau. Le soleil fournirait ainsi les carburants de l'avenir dans les zones ensoleillées et peu développées, pour une utilisation dans le Nord développé.

Un enthousiasme nouveau s'est emparé des équipes d'Odeillo, de nouveau à la pointe de l'actualité. Cet automne, un laboratoire européen verra le jour, expliquent les chercheurs, mettant en commun toutes les énergies scientifiques solaires de notre continent.


© AFP.



Agir Vite 

le 03/07/2004 à 09h35  

     Nous avons reçu : Courriel collectif
Bonjour,
Nous nous permettons de vous signaler l'importance de l'article d'opinion :
Ceux qui regardent la maison brûler par Benjamin Dessus, Yannick Jadot et Philippe Quirion,
parue hier, 2 juillet, dans Le Monde, et l'intérêt qu'il y a, à notre avis, à populariser son contenu pour essayer d'influer sur le cours des choses.

L'importance de l'article est soulignée par la rédaction du Monde, sous forme d'un hors-texte en première page :
? ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 03.07.04

Climat: des écologistes répondent à MM. Barnier et Lepeltier
AFP | 02.07.04 | 18h21

Trois écologistes réputés ont dénoncé vendredi dans Le Monde "l'inaction" française sur le changement climatique, répondant à une tribune du même journal des ministres des Affaires étrangères et de l'Ecologie, Michel Barnier et Serge Lepeltier.MM. Barnier et Lepeltier ont tenu dans cette tribune, cosignée récemment avec leurs homologues britanniques, "un discours argumenté" et "quasiment militant" sur tous les "malheurs qui nous guettent", écrivent Benjamin Dessus (Global Chance), Yannick Jadot (Greenpeace-France) et Philippe Quirion (Réseau Action Climat-France)."Après ce long plaidoyer mobilisateur", on aurait pu s'attendre à une "présentation" de mesures exemplaires, ironisent les écologistes, tous trois économistes. "Las, tout devient alors flou, du moins pour la France".Et de pointer notamment "les mesures concrètes en faveur de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre (...), dangereusement absentes" de la loi d'orientation sur les énergies et "le report de semaine en semaine" du Plan climat (annoncé désormais pour la mi-juillet, ndlr).C'est "comme si, écrivent encore MM. Dessus, Jadot et Quirion, par un phénomène de vases communicants, la vigueur du discours se +renforçait+ constamment du vide de l'action".

Ceux qui regardent la maison brûler par Benjamin Dessus, Yannick Jadot et Philippe Quirion.
LE MONDE | 02.07.04
Dans une tribune au titre accrocheur, "Réchauffement climatique : trop tard ?" (Le Monde du 25 juin), Michel Barnier, ministre des affaires étrangères, Serge Lepeltier, ministre de l'environnement, et leurs deux homologues du Royaume-Uni constatent que "le processus de négociation multilatérale engagé dans les années 1990 à propos du climat se trouve aujourd'hui à un tournant critique" et plaident vigoureusement pour sa relance. On ne peut évidemment que s'en féliciter.

N'hésitant pas (quitte à oublier quelque peu la prudence encore affichée par la communauté scientifique) à attribuer la canicule de 2003 et les "inondations à répétition" au renforcement de l'effet de serre, ils nous présentent un scénario alarmant des conséquences du réchauffement et des coûts "incalculables" et en même temps "manifestement bien supérieurs à ceux des mesures visant à maîtriser le phénomène".

S'ensuit très logiquement l'affichage d'une volonté forte et partagée par les deux Etats de faire face : dans un premier temps, convaincre nos partenaires européens de respecter les engagements de maîtrise de la croissance du stock de gaz à effet de serre dans l'atmosphère pris à Kyoto ; dans un second, s'attaquer à la réduction de ce stock. Bravo pour cet appel vibrant à la mobilisation des gouvernements et de la société civile tant il est vrai, nous disent-ils après Saint-Exupéry, que "l'avenir, il ne suffit pas de le prévoir, mais de le rendre possible". On pourrait s'attendre, après ce long plaidoyer mobilisateur et cet appel à la vertu et à la solidarité de nos voisins, à voir l'essai transformé par une présentation de l'exemplarité des mesures adoptées ou en cours d'adoption dans ces deux pays, et qui pourraient servir d'exemple au reste de l'Europe.

Las, tout devient alors flou, du moins pour la France. Nos auteurs se félicitent de la très rapide réduction des émissions du Royaume-Uni (- 15 % en dix ans malgré une croissance économique de + 30 %) et de l'effort considérable de l'Allemagne dans le domaine des énergies renouvelables.

Pour la France, pas un mot, sauf pour nous rappeler qu'elle se situe "toujours" (mais on pense irrésistiblement : "encore, mais pour combien de temps ?", quand on analyse l'évolution des chiffres) dans le peloton des pays développés les plus vertueux en termes d'émissions par habitant, "notamment du fait de sa politique énergétique"supposée bien connue du lecteur.

Mais, au fait, de quelle politique énergétique s'agit-il ? Parle-t-on de la loi d'orientation en cours de discussion au Parlement ? Les mesures concrètes en faveur de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre y sont dangereusement absentes : quasiment rien n'est prévu dans les deux secteurs les plus émetteurs, les transports (avec une croissance des émissions de 2 % par an) et le patrimoine immobilier ancien dont les performances thermiques sont déplorables. Ce n'est évidemment pas la seule décision concrète adoptée, la construction d'un démonstrateur d'EPR, le nouveau réacteur nucléaire d'Areva, prévu pour entrer en fonction en 2012, ni les signaux extrêmement négatifs envoyés au secteur des énergies renouvelables qui vont nous permettre de contribuer à nos engagements de Kyoto en 2010 et après.

Alors, que reste-t-il à montrer fièrement à nos voisins ? Le plan climat, annoncé depuis près d'un an comme imminent, est reporté de semaine en semaine. Les mauvaises langues disent qu'à force de compromis interministériels et de pressions des différents lobbies, son contenu en termes d'action publique est devenu tellement léger que personne n'ose plus le présenter. Le filtre à particules en serait la mesure-phare ? Elle est déjà contestée par le ministre de l'industrie qui, avec son collègue des transports, favorise toujours le "tout-routier".

Enfin, la directive européenne qui oblige les Etats membres à limiter les émissions de gaz à effet de serre de l-industrie est vidée de son sens par le gouvernement français. Contrairement à son voisin britannique, la France a fixé un plafond tellement laxiste que la directive s'apparente à un dispositif d'engagements volontaires des industriels.

Comble d'ironie, nos auteurs nous rappellent avec force notre devoir de soutien, sur le plan financier et technique, aux initiatives des pays en développement. On s'attendrait, là encore, à une description de ces actions de soutien (réorientation des crédits d'exportation, de l'aide publique au développement...). Pas du tout. Ce qu'on nous détaille, ce sont les programmes de la Chine en matière d'énergies renouvelables ou du Brésil pour l'efficacité énergétique, en se félicitant de ces initiatives porteuses d'espoir mais sans dire un mot de notre participation éventuelle ou des leçons à en tirer pour nous.

D'un côté, donc, un discours argumenté, mobilisateur, quasiment militant avec description sans concessions des malheurs qui nous guettent, mea culpa convaincant sur nos responsabilités et rappel des devoirs qui nous incombent, à nous mais surtout à nos voisins ! De l'autre, une absence de plus en plus assourdissante de définition et de mise en place d'une politique nationale à la hauteur des enjeux abondamment décrits.

Comme si, par un phénomène de vases communicants, la vigueur du discours se "renforçait" constamment du vide de l'action, comme si la prophétie de nos Cassandre paralysait définitivement la volonté de nos gouvernants.

"La maison brûle et nous regardons ailleurs", nous disait Jacques Chirac dans un discours resté fameux. En lisant cette tribune, on en est convaincu : nos ministres ne nous proposent pas d'aller chercher des seaux, d'organiser la chaîne et d'éteindre le feu mais plutôt de créer un observatoire-français-de-la-maison-qui-brûle pour avertir les foules des dangers qui les guettent et conseiller utilement... nos voisins sur les mesures à prendre.

Benjamin Dessus est ingénieur-économiste, président de l'association Global Chance. Yannick Jadot est économiste, directeur des campagnes de Greenpeace France Philippe Quirion est économiste, président du Réseau action climat France.

Il appartient à chacun de donner à cette annonce, selon ses convictions et ses moyens, la publicité qui lui semble s'imposer.
Cordialement.
Agir Vite ! !



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